La FESIC (Fédération des établissements d'enseignement supérieur d'intérêt collectif ) a fait paraître une tribune dans le Monde des Grandes Ecoles daté du 29 juin 2020. Retrouvez ici l'intégralité de cette tribune.
Alors que le gouvernement a annoncé des mesures en faveur de l’apprentissage, la Fédération des établissements d'enseignement supérieur d'intérêt collectif (FESIC) lance un appel pour ne pas laisser stagiaires, alternants et jeunes diplômés au bord du chemin de la relance économique.
La crise sanitaire dans laquelle nous nous trouvons depuis début mars a d’ores et déjà un impact économique et social considérable sur les entreprises. Face à cette crise, face à un monde en pleine mutation et aux enjeux du développement durable, chacun doit faire preuve de responsabilité. Nos établissements, grandes écoles d’ingénieurs et de management, qui forment chaque année des milliers de femmes et d’hommes professionnels qui porteront demain la transformation de notre société, se doivent d’être aux avant-postes.
Nos jeunes sont prêts à relever le défi d’une relance économique, au service de notre pays, orientée vers un monde plus juste et plus durable.
Aussi, acteurs de formations professionnalisantes, entreprises et branches professionnelles, étudiants,
apprentis et collectivités locales, nous devons échanger pour trouver ensemble les solutions qui permettront de poursuivre le développement des compétences de nos étudiants, au service du renouveau du développement économique de la France.
Des établissements à l’écoute des besoins et des attentes des entreprises
Ces solutions pourront être déclinées au niveau local, en fonction des particularités des bassins d’emploi, mais aussi au niveau national afin de s’inscrire dans le plan de relance et permettre de refonder un écosystème porteur de développement durable.
En effet, l’ancrage territorial de nos établissements, leurs liens avec le tissu économique local et national, l’exigence et la diversité de leurs formations, alliés à leur ouverture à l’international, font d’eux les partenaires idéals pour la relance économique de notre pays.
Dans cette perspective, accompagner les entreprises, adapter nos formations à l’évolution des enjeux économiques est un impératif pour nos établissements. Engagées au service des jeunes et de leur famille, nos écoles ont mis en place tous les outils d’une continuité pédagogique qui permet, grâce à un niveau d’exigence maintenu, la préservation de la valeur des diplômes de nos étudiants. Leurs savoir-faire et leur capacité d’innovation ont déjà fait leur preuve et ont été mobilisés avec succès pour les entreprises et la société. Ce fut le cas pendant la période que nous avons traversée : la coudière 3D créée par des élèves ingénieurs de l’Institut catholique d’arts et métiers (ICAM), la création d’une plateforme numérique rapprochant acteurs de la santé et fournisseurs de matériels par des élèves ingénieurs de l’ISEP en sont des exemples parmi d’autres.
A la rentrée 2018, l’apprentissage concernait 6,7 % de la population étudiante dans l’enseignement supérieur français, soit 180 000 apprentis. A leurs côtés, plusieurs milliers d’élèves suivent ainsi, chaque année une période de stage, s’inscrivent dans un contrat de professionnalisation, s’investissent dans une junior entreprise ou un projet de recherche. Ces formations professionnalisantes irriguent le marché du travail français et participent de sa vitalité.
Dans les semaines à venir, l’offre de stages, mais aussi d’apprentissage et alternance, risque pourtant de se réduire fortement, voire de se raréfier dans certains secteurs, en raison de la baisse drastique de l’activité, des capacités d’investissement des entreprises et d’une reprise qui s’annonce incertaine et très progressive. Les premiers chiffres sont préoccupants :
- L’APEC note, en avril 2020, une chute de 69% des offres d'emploi destinées aux jeunes diplômés, par rapport au même mois en 2019. Même dans le secteur du numérique, le moins touché par la crise, le Syntech estime le gel de postes à 12 000.
- Une étude de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) publiée le 27 mai 2020, évalue qu’un jeune sur six se retrouve sans emploi en raison de la crise du coronavirus.
L’impact de la crise sur le PIB est important : les prévisions gouvernementales tablent sur une baisse de 11% pour 2020. Les niveaux d’activité dans les mois à venir vont varier fortement en fonction des filières, les plus touchées étant, à ce jour l’aéronautique, l’automobile, les transports, l’hôtellerie et la restauration. Le maintien par les entreprises d’une offre à destination des étudiants et jeunes diplômés est pourtant une impérieuse nécessité pour préserver la capacité de notre pays à former de futurs manageurs et ingénieurs en prise avec les réalités du monde du travail.
Demain ne se fera pas sans les jeunes générations
Après les mesures exceptionnelles annoncées par le gouvernement pour sauver l’apprentissage, un plan global pour l’insertion professionnelle des jeunes est indispensable car le monde de demain ne pourra se faire sans eux.
Il serait en effet préjudiciable que cette crise sanitaire exogène ait une conséquence négative et durable sur les compétences des salariés français. Nous devons donc, établissements comme entreprises, nous engager pour préserver notre modèle original d’enseignement professionnalisant.
Entrepreneurs, dirigeants de PME, TPE et grandes entreprises, vous avez besoin de jeunes compétents, opérationnels, pour permettre le démarrage d’un nouveau cycle économique. Par des échanges réguliers, de proximité, sachons ensemble définir vos besoins, identifier vos freins et vos attentes. Les compétences pour construire le monde de demain sont là, sachons ensemble les faire fructifier !
Philippe Choquet, président et l’ensemble des directeurs des écoles de la FESIC
Signataires
CPE Lyon (Gérard PIGNAULT), ECAM LYON (Didier DESPLANCHE), ECAM Rennes (Hubert MAITRE), ECAM Strasbourg-Europe (Sonia WANNER), ECAM-EPMI (Moumen DARCHERIF), EDHEC (Emmanuel METAIS), ESA (René SIRET), ESAIP (Christophe ROUVRAIS), ESCOM ( Gérard BACQUET), ESEO (Olivier PAILLET), ESSCA (Jean CHARROIN), ESSEC (Vincenzo Esposito Vinzi), GROUPE ICAM (Jean-Michel VIOT), IESEG (Jean-Philippe AMMEUX), ISARA ( Pascal DESAMAIS), ISEP (Dieudonné ABBOUD), ISIT (Tamym ABDESSEMED), KEDGE BS (Alexandre de Navailles), Psychologues Praticiens (Jacques ARENES), PURPAN (Eric LATGE), UNILASALLE (Philippe CHOQUET), Yncréa Hauts-de-France (Christophe FACHON), Yncréa Méditerranée (Didier GOGUENHEIM), Yncréa Ouest (Marc FAUDEIL)
La FESIC, référence du tiers secteur depuis 1969, rassemble 26 grandes écoles réparties dans toute la France (19 écoles d’ingénieurs, 6 écoles de management et 1 école de sciences humaines et sociales), pour plus de 65 000 étudiants et apprentis. Attachée à la dimension non-lucrative de l’enseignement supérieur privé, la FESIC œuvre dans le sens de l’intérêt collectif, au service de ses membres et des jeunes. Ses établissements associatifs, en contrat avec l’Etat au travers de leur qualification EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général), participent aux missions de service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Leurs formations couvrent des secteurs d’activités et métiers très
variés, en lien étroit avec le monde économique.