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Monday 26 October 2020

Les chercheurs de l’Unité VAM²IN participent la mise en place d’une cartographie afin de caractériser les particules végétales incorporées dans les bétons végétaux dont les propriétés durables séduisent de plus en plus d’industriels du bâtiment. 

La conception de matériaux de construction est génératrice d’un pourcentage significatif d’émissions de gaz à effets de serre. Son évolution, vers une production plus vertueuse, constitue l’un des principaux leviers d’actions visés par les évolutions réglementaires (RE2020) françaises au cours des dernières années. À ce titre, les bétons à base de particules végétales, domaine dans lequel la France s’est résolument positionnée en précurseur depuis une vingtaine d’années, apportent une réponse pertinente à cette ambition. 

Aujourd’hui, l’expertise française est internationalement reconnue et les solutions techniques ont acquis une maturité suffisante pour répondre à une demande grandissante de la part des industriels du secteur : « Le bâtiment connait une profonde mutation », explique Hélène Lenormand, Enseignante-chercheur de l’unité de recherche « Transformations et Agro-ressources », « C’est un secteur très gourmand en énergie de par l’utilisation du bâtiment (chauffage…) mais également en raison de la production des matériaux de construction. Il faut améliorer la performance énergétique des bâtiments et réduire leur empreinte environnementale". L’incorporation de biomasse* dans les matériaux de construction permet ainsi d’agir sur ces deux aspects : les végétaux sont des matériaux naturellement poreux. Ils apportent l’isolation thermique et permettent aussi de stocker du carbone.  Aujourd’hui, l’accent est donc mis sur le développement de matériaux de construction biosourcés à hautes performances (thermique, acoustique, confort hygrothermique). 

Des normes, gages de qualité

A l’heure actuelle, de nombreuses matières premières sont déjà utilisées (chanvre, bois, lin, miscanthus, etc.) et les potentiels de développement restent extrêmement larges que ce soit via les coproduits de l’agriculture (colza, tournesol, maïs, riz, etc.), le recyclage de déchets (bagasse, palettes en bois, etc.) ou la sollicitation raisonnée d’écosystèmes naturels (typha, alpha, palmier d’eau, etc.) : « Toutes ces matières premières offrent des particules végétales potentiellement utilisables pour la confection de bétons végétaux et présentent une grande diversité », poursuit Hélène Lenormand, « Mais malgré les nombreux travaux menés, leur caractérisation n’était jusqu’à présent pas encadrée ! ». Les protocoles de caractérisations ne bénéficient pas encore de normes établies et cette carence constitue un obstacle majeur aux différentes démarches indispensables à un développement significatif de marché.

L’objectif du projet NG2B est ainsi d’établir un cadre général de caractérisation et de classification des particules végétales en fonction de leurs origines et des applications visées. Il s’appuiera sur les nombreux travaux de R&D déjà réalisés aux côtés de l’ADEME et de la RILEM* et permettra de réaliser une « carte d’identité » des particules végétales destinées à la confection de bétons : « Il s’agira dans un premier temps d’identifier les caractéristiques pertinentes pour qualifier / discriminer les particules végétales, puis recenser les diverses méthodes de caractérisation existantes des granulats végétaux afin d’en dégager les atouts et les faiblesses ». 

Le projet nécessitant d’obtenir un consensus large sur la structuration d’une future norme, l’ensemble des acteurs de la filière des bétons végétaux, depuis l’amont agricole jusqu’aux utilisateurs finaux, sera associé. Dans ce cadre, la constitution du consortium repose sur une parfaite complémentarité entre des partenaires issus de la Recherche & Développement, des filières et des industriels.

* (Réunion Internationale des Laboratoires et Experts des Matériaux – TC 236-BBM - Biobased Building Materials - et TC HDB - Hygrothermal and Durability of Biobased Building Materials). 

* Biomasse : La biomasse désigne l’ensemble des matières organiques (résidus alimentaires, bois, feuilles) pouvant se transformer en énergie.